Vitamine D, fonction musculaire, croissance des dents, syndrome métabolique, système cardiovasculaire, maladies d’Alzheimer et de Crohn, sclérose en plaques[1]
La vitamine D est essentielle également pour la fonction musculaire et la bonne croissance des dents. Et la recherche a aussi constaté des effets positifs sur le syndrome métabolique et le système cardiovasculaire. Toute supplémentation de vitamine D doit toutefois être scrupuleusement suivie par un spécialiste de l’automédication.
Considérons d’abord la vitamine D du point de vue de la biochimie : il ne s’agit pas seulement d’une vitamine mais de tout un groupe de sécostéroïdes, des structures parentes des stéroïdes qui présentent une activité physiologique particulière. En fait ces formes de vitamine D ne sont pas de vraies vitamines puisqu’elles peuvent être produites dans le corps à partir de cholestérol et cela même en quantité suffisante pour couvrir les besoins individuels (du moins dans certaines conditions météorologiques). Il en va autrement des vitamines « normales » qui doivent être apportées par l’alimentation.
Toutes les formes de vitamine D ne sont pas aussi importantes pour le corps. Celles qui ont le plus d’importance sont le cholécalciférol (vitamine D3), l’ergocalciférol (vitamine D2) ainsi que le calciférol (25-OH D3) et le calcitriol (1,25-OH2 D3). Ce dernier, à savoir le calcitriol, constitue la forme métabolique la plus importante. Ces différentes appellations désignent l’état de métabolisation ou d’hydroxylation des stéroïdes.


Il n’existe pas de rapport précisément défini entre l’exposition à la lumière et le taux de vitamine D. Mais l’Office fédéral de la santé publique suisse publie toutefois ces recommandations pour une production adéquate de vitamine D.

Notons que la capacité de produire de la vitamine D via l’exposition au soleil diminuant fortement avec l’âge, les personnes âgées souffrent souvent de carences en vitamines D. En effet, vers 70 ans, la peau a perdu près de 75 % de sa capacité à synthétiser la vitamine D.

Ce mécanisme d’action commence lorsque la vitamine D diffuse à travers la membrane cellulaire et se lie à un récepteur intracellulaire (récepteur de la vitamine D VDR). Dans cette forme complexe liée à son récepteur, la vitamine D pénètre dans le noyau cellulaire. Ce VDR a surtout une haute affinité au calcitriol, ce qui veut dire qu’il se lie principalement et de préférence à cette forme de vitamine D. Une fois dans le noyau cellulaire, ce complexe récepteur-ligand est capable de se lier à des séquences d’ADN et d’activer alors l’expression de certains gènes. Cela signifie que la vitamine D et son récepteur sont des facteurs de transcription qui, par l’expression de certains gènes peuvent faire produire (ou inhiber) différentes protéines ou influencer des processus biologiques, comme la division cellulaire. Une supplémentation en vitamines D nécessite donc toujours un accompagnement et des conseils compétents.
LA VITAMINE D ET LE MÉTABOLISME OSSEUX
Si l’on connaît si bien la vitamine D, c’est en raison de ses fonctions dans le métabolisme osseux. Le calcitriol, en particulier, est important pour maintenir un taux de calcium stable dans le sang et donc pour la formation et le maintien du tissu osseux. Le calcitriol assure, avec la parathormone sécrétée par les glandes parathyroïdes, l’homéostasie du calcium et du phosphate. Le complexe calcitriol-VDR stimule l’absorption du calcium dans l’intestin en dirigeant la transcription des canaux calciques. Ces transporteurs sont importants pour l’assimilation du calcium dans l’intestin et la résorption dans les tubules rénaux. Parallèlement, l’assimilation du phosphate augmente aussi dans l’intestin en permettant l’expression du co-transporteur indispensable. Car chaque transporteur, qui induit le passage du phosphate de l’intestin dans le sang, nécessite une protéine supplémentaire qu’on appelle justement co-transporteur, pour fonctionner de manière optimale. Dans les os eux-mêmes, le complexe calcitriol-VDR induit la fixation du calcium dans les ostéoblastes en induisant la fabrication de la protéine nécessaire à cet effet. Enfin, le calcitriol joue aussi un rôle important pour le métabolisme osseux dans les reins car il s’auto-régule avec sa propre homéostasie. Autrement dit : le calcitriol a une certaine affinité à l’enzyme 1-alpha-hydroxylase qui le produit. L’activité enzymatique est inhibée lorsqu’il se lie à elle. Or plus sa concentration est élevée dans le sang, plus la probabilité d’une telle liaison augmente. Ainsi, la production de calcitriol est inhibée lorsqu’il est en abondance. À l’inverse, lorsque le taux de calcitriol diminue peu à peu, l’activité de la 1-alpha-hydroxylase augmente de nouveau, ce qui active la synthèse du calcitriol. Il s’agit donc là d’un constant processus autorégulateur.
Par ailleurs, la vitamine D contribue à la minéralisation des os en transcrivant des protéines qui sont nécessaires à l’intégration des minéraux. Il s’agit notamment de l’ostéocalcine et de l’ostéopontine.

Mais la fonction de la vitamine D ne s’arrête pas à son influence dans le métabolisme osseux : des récepteurs de la vitamine D ont été identifiés dans plus de 30 autres tissus. Et l’1-alpha-hydroxylase s’exprime aussi dans de nombreux autres tissus que ceux des reins. Raison pour laquelle la vitamine D est impliquée dans autant de domaines.
LA VITAMINE D ET LE SYSTÈME IMMUNITAIRE
La vitamine D aide à passer l’hiver en bonne santé. Cette fonction de protection s’explique aisément sur le plan biochimique. Ainsi la vitamine D favorise l’activation des monocytes en macrophages grâce à la production de cytokines et stimule ainsi l’activité de phagocytose. Comme les monocytes, à l’instar des macrophages, expriment le récepteur constitutif de la vitamine D, cette dernière peut pénétrer dans les cellules et y faire office de facteur de transcription. Ainsi, la vitamine D soutient la réponse immunitaire innée par la production du peptide antimicrobien cathélicidine. Cliniquement, on peut le constater par l’abaissement de certains paramètres, comme le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF) et la protéine C réactive (CRP C-reactive protein), dans le sang. Il s’agit là de protéines endogènes qui sont produites en cas d’inflammation. D’autres études dans le domaine de l’immunomodulation montrent en outre une induction des apoptoses, ou morts cellulaires programmées. Tous ces changements de l’homéostasie du système immunitaire induisent finalement son activation et un phénomène de défense.
Le calcitriol a en outre un effet direct sur la régulation Th1/Th2. Les cellules Th sont des cellules T auxiliaires. Elles décomposent différentes cytokines qui activent soit la réponse immunitaire cellulaire soit l’immunité humorale (lymphocytes B). Le fait qu’une cellule T devienne une cellule Th1 ou Th2 dépend du stimulus. L’intervention de l’interleukine 12 (IL12) et de l’interféron-gamma (IFNg) permet la formation de cellules Th1, lesquelles produisent des cytokines pro-inflammatoires. À l’inverse, l’intervention de l’interleukine 4 (IL4) et de l’interleukine 6 (IL6) favorise la formation de cellules Th2, lesquelles produisent des cytokines anti-inflammatoires.

Le calcitriol réprime la production des cytokines pro-inflammatoires de la voie Th1 et favorise la formation des cytokines anti-inflammatoires de la voir Th2. On peut déduire de ces exemples qu’un traitement de soutien de la vitamine D est un pilier important en cas de maladies auto-immunes, allergiques ou inflammatoires, comme l’asthme, l’asthme bronchique ou le BPCO. La vitamine D est également utilisée avec succès en cas de maladie de Crohn, de sclérose en plaques et de polyarthrite rhumatoïde ou pour renforcer le système immunitaire durant l’hiver afin de prévenir les infections grippales.

LA VITAMINE D ET LE SYNDROME MÉTABOLIQUE
Dans le pancréas, la vitamine D contribue à maintenir la sécrétion d’insuline dans les cellules bêta. À l’inverse, un manque de vitamine D réduit les sécrétions d’insuline. Raison pour laquelle une telle carence est considérée comme un facteur de risque pour le syndrome métabolique.
Le calcitriol protège aussi les îlots de Langerhans de l’apoptose induite par les cytokines en abaissant la régulation du récepteur Fas. Le récepteur Fas est un récepteur qui lie le TFN et transmet ensuite le signal de la mort cellulaire. On peut donc dire que la vitamine D agit activement contre la destruction des cellules qui produisent l’insuline. À l’inverse, cela signifie donc aussi qu’un manque de vitamine D augmente le risque de souffrir d’un syndrome métabolique.
LA VITAMINE D ET LE SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE
Il a été prouvé que la vitamine D renforce le système cardiovasculaire. Elle réduit la pression systolique et diastolique et présente un effet anti thrombotique en activant la thrombomoduline. Cette protéine est un récepteur transmenbranaire des cellules endothéliales qui peut lier la thrombine. Une fois liées, ces deux protéines voient leur capacité d’anticoagulation se démultiplier.
Un apport en vitamine D peut donc potentiellement se faire dans le traitement de l’hypertension, de l’insuffisance cardiaque ou d’autres maladies cardiovasculaires. L’effet positif sur le système cardiovasculaire s’explique notamment par le fait que la vitamine D active le système rénine-aldostérone-angiotensine (SRAA).
LA VITAMINE D ET LE CANCER
La recherche tente toujours de comprendre pourquoi des cellules dégénèrent et se muent en cellules tumorales. Mais une chose est sûre : c’est l’interaction de nombreux facteurs qui perturbe trop et trop longtemps l’homéostasie du corps humain. Étant le facteur de transcription de nombreux gènes, la vitamine D intéresse donc la recherche sur le cancer et de nombreuses nouvelles publications montrent l’effet préventif que peut avoir la vitamine D. Son influence se manifeste dans les exemples suivants :
- elle stimule la maturation et la différenciation cellulaire et induit l’apoptose.
- elle inhibe la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse), lesquels sont indispensables à la croissance des cellules tumorales.
La présence de VDR dans différents tissus, comme les glandes mammaires, le côlon et la prostate, montre à quel point la vitamine D doit être importante dans la prévention du cancer. Ou combien un manque de vitamine D peut être dangereux pour les patients à risques.
[1] La vitamine D (janvier 2017), dossier spécialisé, connaissances spécialisées pour les professionnels de l'automédication, pharmaSuisse (Avec l’aimable autorisation de l’Association suisse des droguistes).