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PRÉCAUTIONS

Le traitement par injections intraveineuses d'ascorbate est sans danger chez la plupart des patients à l’exception de certaines situations[1]. Des doses élevées de vitamine C pourraient entraîner une hémolyse intra-vasculaire aiguë chez les patients atteint de déficit en G6PD. La neutralisation du H2O2 plasmatique par les globules rouges dépend du glutathion, qui à son tour a besoin du NADPH, lui-même régénéré par la G6PD. La G6PD est l'enzyme limitante du shunt des pentoses. En pratique on conseille un dosage enzymatique systématique.

De rares cas d'hémorragie tumorale massive ont été rapportés chez des patients en stade avancé traités par fortes doses intraveineuses d'ascorbate[2]. Ici comme ailleurs, il est important de prendre des précautions, et de débuter avec des doses faibles de vitamine C, puis d’augmenter progressivement les doses.

Je n’ai pas trouvé d’étude sur l'utilisation de fortes doses de vitamine C en cas de surcharge tissulaire en Fer (hémochromatose génétique). On pourrait s’attendre à ce qu’une grande concentration en fer tissulaire favorise la synthèse de peroxyde d’hydrogène, ce qui serait intéressant dans le cancer. Mais on pourrait aussi s’attendre à une augmentation de la concentration en radical hydroxyle via la réaction biochimique suivante :

Cependant, à la différence des cellules tumorales, les globules rouges et les cellules tissulaires neutralisent aisément le peroxyde d’hydrogène.

F - PRÉVENTION DU CANCER

Les études épidémiologiques suggèrent qu'une alimentation riche en vitamine C joue un rôle protecteur contre le développement du cancer[3], la concentration plasmatique en AA est inversement associée au risque de cancer[4].

Cependant, de larges études randomisées contrôlées comparant l'effet d'une supplémentation en antioxydants (Vit A, C, E et beta carotène) seule ou en association, n'ont pas montré d’effet protecteur[5]. L'un des problèmes avec les études randomisées contrôlées est que la plupart des nutriments comme les vitamines ont des seuils d'actions précis[6]. Le fait que la vitamine C participe à un marquage épigénétique positif en optimisant le fonctionnement de nombreuses enzymes et que ses propriétés antioxydantes réduisent les dommages oxydatifs sur l'ADN indiquent que la vitamine C pourrait prévenir, en association avec d'autres micronutriments essentiels, des pathologies comme le cancer[7].

La capacité de la vitamine C à protéger les cellules contre les dommages génétiques a été analysée chez l’homme grâce à des études utilisant des méthodes d’épidémiologie moléculaire : analyse des adduits d’ADN, des cassures de brins d’ADN (test des Comet), mesure des dommages oxydatifs avec le taux de 8-oxo-7,8-dihydroxy-2-deoxyguanosine (8-oxodG), analyse cytogénétique des aberrations chromosomiques et des micronoyaux, et de l’induction de protéines de réparation de l’ADN. L’effet protecteur de la vitamine C a été observé pour des concentrations > 50 micromol/L. Une supplémentation en vitamine C diminue la fréquence des aberrations chromosomiques dans les groupes ayant une insuffisance d’apport alimentaire exposés professionnellement à des mutagènes, et diminue également la sensibilité aux mutagènes (test à la bléomycine). Des concentrations élevées de vitamine C plasmatique diminuent la fréquence des translocations génomiques dans des groupes exposés à des radiations ionisantes ou à un air pollué en hydrocarbures aromatiques polycycliques carcinogéniques (c-PAHs). La fréquence des micronoyaux est réduite par une supplémentation en vitamine C chez le fumeur, et des concentrations plus élevées de vitamine C plasmatique contrecarrent les dommages provoqués par la pollution atmosphérique. La prévalence des adduits d’ADN est inversement corrélée aux concentrations en vitamine C dans des groupes exposés dans leur environnement à des concentrations élevées en hydrocarbure aromatiques polycycliques carcinogéniques (c-PAHs). L’augmentation des taux de vitamine C diminue les cassures de brins d’ADN provoqués par la pollution atmosphérique. Les dommages oxydatifs (8-oxodG levels) sont réduits par une supplémentation en vitamine C dans des groupes ayant des concentrations plasmatiques > 50micromol/L exposés aux particules PM2,5 et aux c-PAHs. La modulation de la réparation de l’ADN par une supplémentation en vitamine C a été observé à la fois chez des patients ayant un faible apport alimentaire et dans les groupes ayant une concentration plasmatique supérieure à 50 micromol/L exposés à des concentrations élevées en c-PAHs. L’impact de la vitamine C sur les dommages de l’ADN dépend à la fois de la concentration plasmatique de base en vitamine C et du niveau d’exposition aux xénobiotiques et/ou au stress oxydatif[8].

Les travailleurs exposés à de fortes irradiations à la centrale nucléaire de Fukushima diminuent fortement leur risque de développer un cancer en cas de supplémentation en vitamine C et autres antioxydants[9]. 16 hommes entre 32 et 59 ans ont travaillé 5 à 6 semaines dans une zone radioactive, collectant l'eau contaminée, mesurant les niveaux de radioactivité et enlevant les débris. Des analyses de sang ont été effectuées pour mesurer la numération formule sanguine, les concentrations plasmatique en ADN libre, et les produits de l'expression de 47 gène pro tumoraux. 4 travailleurs qui ont reçu des injections intraveineuses de vitamine C (25 grammes) avant de se rendre sur le lieu radioactif, et qui ont reçu des antioxydants pendant toute la période de travail n'ont eu aucun changement significatif concernant la concentration en ADN libre et le risque globale de cancer.

3 travailleurs qui n'ont pas reçu d’injections préventives de vitamine C ont vu leur risque de cancer augmenté. Après deux mois de traitement par intraveineuse de vitamine C et antioxydants, la concentration en ADN libre est retourné à la normale chez ces travailleurs et le risque global de cancer a diminué de façon significative (Fig.25).

Fig. 25 : Effets du traitement préventif par perfusion de vitamine C et supplémentation antioxydante orale chez des travailleurs exposés à la radioactivité au centre nucléaire de Fukushima[10].

Cette démonstration clinique importante confirme les travaux effectués 20 ans plus tôt qui montraient que la vitamine C intraveineuse et orale augmentait la survie des spermatozoïdes après injection d'iode radioactif chez la souris[11]. La prise orale d'acide alpha lipoïque et de vitamine E réduit la radioactivité urinaire et le stress oxydatif chez les enfants irradiés à Chernobyl en 1986[12].

L’International Journal of Cancer, paru le 5 janvier 2012, a présenté une étude épidémiologique, réalisée par des chercheurs de l’Université Paris-Sud, de l’INSERM et de l’IRSN, sur le risque de leucémie de l’enfant près des centrales nucléaires françaises. Basée sur une enquête dite « GEOCAP », elle porte sur la période 2002 à 2007 et concerne les 19 sites de centrales nucléaires. La principale information qui ressort de cette étude est que l’incidence de leucémies aigües chez les enfants de moins de 15 ans vivant à proximité des centrales nucléaires, c’est-à-dire dans un rayon de 5 km, est pratiquement doublée (ratio de 1,9) et que cette sur-incidence de leucémies est statistiquement significative[13].

Connaissant l’efficacité de la vitamine C dans la prévention des mutations géniques, une prévention micronutritionnelle systématique dans ces zones exposées ne serait-elle pas judicieuse ?

En résumé:

  • La vitamine C à dose pharmacologique est un antitumoral naturel puissant, sans effet secondaire contre le cancer du colon, du pancréas, mélanome, glioblastome, mésothélium, cancer du poumon, cancer des ovaires, leucémie, sarcomes, etc.

 

  • La vitamine C prévient les dérèglements épigénétiques et les mutations géniques chez les sujets exposés à des agents protumoraux.
 

[1] S.J. Padayatty, A.Y. Sun, Q. Chen, M.G. Espey, J. Drisko, M. Levine, Vitamin C: intravenous use by complementary and alternative medicine practitioners and adverse effects, PLoS One 5 (2010) e11414.

[2] E. Cameron, A. Campbell, T. Jack, The orthomolecular treatment of cancer. III. Reticulum cell sarcoma: double complete regression induced by high-dose ascorbic acid therapy, Chem. Biol. Interact. 11 (1975) 387–393.

A. Campbell, T. Jack, Acute reactions to mega ascorbic acid therapy in malignant disease, Scott. Med. J. 24 (1979) 151–153.

[3] G. Block, Vitamin C and cancer prevention: the epidemiologic evidence, Am. J. 1190 Clin. Nutr. 53 (1991) 270S–282S.

K.F. Gey, Vitamins E plus C and interacting conutrients required for optimal health. A critical and constructive review of epidemiology and supplementation data regarding cardiovascular disease and cancer, Biofactors 7 (1998) 113–174.

[4] C.A. Gonzalez, E. Riboli, Diet and cancer prevention: contributions from the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC) study, Euro. J. Cancer 46 (2010) 2555–2562.

F. Musil, Z. Zadák, D. Solichová, R. Hyšpler, M. Kaška, L. Sobotka, J. Manák, Dynamics of antioxidants in patients with acute pancreatitis and in patients operated for colorectal cancer: a clinical study, Nutrition 21 (2005) 118–124.

[5] G. Bjelakovic, D. Nikolova, R.G. Simonetti, C. Gluud, Antioxidant supplements for prevention of gastrointestinal cancers: a systematic review and meta-analysis, Lancet 364 (2004) 1219–1228.

J. Lin, N.R. Cook, C. Albert, E. Zaharris, J.M. Gaziano, M. Van Denburgh, J.E. Buring, J.E. Manson, Vitamins C and E and beta carotene supplementation and cancer risk: a randomized controlled trial, J. Natl. Cancer Inst. 101 (2009) 14–23.

[6] R.P. Heaney, Nutrition, chronic disease, and the problem of proof, Am. J. Clin. Nutr. 84 (2006) 471–472.

[7] B.N. Ames, Low micronutrient intake may accelerate the degenerative diseases of aging through allocation of scarce micronutrients by triage, Proc. Natl. Acad. Sci. U. S. A. 103 (2006) 17589–17594.

M. Levine, P. Eck, Vitamin C: working on the x-axis, Am. J. Clin. Nutr. 90 (2009) 1121–1123.

[8] Radim J. Sram, Blanka Binkova, Pavel Rossner Jr., Vitamin C for DNA damage prevention, Mutation Research 733 (2012) 39– 49.

[9] Yanagisawa A., Effect of Vitamin C and anti-oxidative nutrition on radiation-induced gene expression in Fukushima nuclear plant workers.

Free download of full presentation at http://www.doctoryourself.com/Radiation_VitC.pptx.pdf.

[10] Ibid.

[11] Venkat R. Narra, Roger W. Howell, Kandula S. R. Sastry and Dandamudi V. Rao., Vitamin C as a radioprotector against Iodin 131 in vivo, J Nucl Med,1993. Vol. 34 No. 4, p 637-640.

[12] Korkina L, et al., Antioxidant therapy in children affected by irradiation from the Chernobyl nuclear accident, Biochem Soc Trans,1993. 21:314S. PMID: 8224459.

[13] Faure et Coll., Childhood leukemia around French nuclear power plants—The geocap study, 2002–2007, International Journal of Cancer, Vol. 131, issue 5, pages E769-E780, Septembre 2012.

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