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La découverte du microbiote cérébral[1]

 

On pensait que le microbiote dans le corps c’était les intestins, la peau, les bronches… On sait que partout dans notre corps, il y a des bactéries, des microbes qui nous aident à vivre tout simplement, en symbiose. Ç’a une importance sur notre digestion, sur notre système immunitaire, ça fabrique même des vitamines qui nous sont indispensables.

Mais il y avait un endroit du corps où on était sûr qu’il n’y avait pas de microbiote du tout, c’est le cerveau, parce qu’il y a une sorte de barrière. Dans tous les livres de médecine, il y a la barrière hémato-encéphalique, pas de bactéries dans le cerveau, et surtout s’il y a des bactéries dans le cerveau, c’est qu’il y a des maladies terribles comme les méningites. Or, récemment, des photos ont montré qu’il y aurait des bactéries dans le cerveau.

 

Quelles implications ? Les applications sont extrêmement nombreuses. Déjà, on sait que ces bactéries sont là, c’est une certaine population qui en compte un certain nombre, avec un certain type de bactéries. Mais peut-être que cette population peut tout à coup croître, dégénérer, s’amplifier. Ça pourrait être à l’origine, par exemple, de nombreuses maladies neurodégénératives. Ce que l’on sait aussi, c’est que ces bactéries communiquent avec nos bactéries intestinales. En fait, c’est la même population : ce sont les bactéries intestinales que l’on retrouve dans le cerveau. Donc, si jamais il y a un dérèglement de nos bactéries intestinales, on risque d’avoir un dérèglement des bactéries cérébrales. Et, là, toutes les maladies neurodégénératives, ou  certaines maladies neuronales, comme la schizophrénie, pourraient être dues tout simplement à un dérèglement de ce microbiote cérébral.

Mais le développement même de notre cerveau pourrait être dû ou être aidé par ces bactéries. Voici l’explication. Il y a eu une expérience, par exemple, sur des souris. On prend deux populations de souris, une population sans microbiote, élevée dans un milieu stérile, elles n’ont aucune bactérie sur elles et en elles, et une population avec un microbiote normal. Les populations sans microbiote vont avoir un mauvais développement cérébral, c’est-à-dire que leur cerveau ne va pas se développer normalement. Donc la conclusion de cette étude  a été, sur le moment (parce qu’on ne savait pas qu’on avait des microbes dans le cerveau), les microbes de notre intestin aident au développement cérébral. C’est plus que cela. L’explication la plus logique, c’est que les microbes du cerveau aideraient à notre développement cérébral.

Cette barrière dont nous avons parlé, comment ces bactéries ont-elles fait pour la passer, puisqu’on croyait qu’elle était infranchissable ? Il y a plein d’hypothèses en fait. Elles pourraient venir, comme nous l’avons dit, de l’intestin. Il y a deux voies principales qui relient l’intestin et le cerveau : c’est la voie sanguine, elles passeraient par le sang, et en certains endroits de la barrière, la barrière est un peu plus lâche, donc il y a des endroits où elles pourraient passer plus facilement ; et il y a aussi la voie nerveuse, elles passeraient par les nerfs qui relient l’intestin et le cerveau, et là il n’y a pas de barrière. Autre hypothèse, les globules blancs pourraient les aider à passer cette barrière, comme si c’étaient des passeurs. Ils les engloberaient, ils passeraient la barrière parce qu’eux, ils peuvent passer tranquillement la barrière, et ensuite ils les relâcheraient sans les tuer.

On vit en symbiose avec les bactéries. En fait, ce sont les bactéries qui nous ont laissé nous construire. Donc on vit complètement en symbiose avec elles. Ces bactéries, c’est quelque chose qu’il faut respecter et qu’il faut connaître, parce que s’il y a un problème avec notre microbiote, c’est nous qui en pâtissons aussi.

Des bactéries, des microbes qui aident au développement de notre cerveau et qui peuvent le dérégler, c’est un formidable champ de recherche. C’est un changement complet de paradigme, de vision de notre cerveau, en fait des maladies. C’est très important de connaître notre microbiote cérébral, de le définir, de le quantifier afin de voir dès qu’il se dérègle et de trouver des moyens de le protéger. Il faut protéger nos microbes en fait.

Protégeons nos microbes et nos bactéries, parce que le microbiote, c’est notre vrai patron en fait. Les bactéries nous ont laissé nous construire. Elles étaient là avant nous et maintenant nous grandissons avec elles.

 

[1] La découverte du microbiote cérébral, Les Chroniques de la Science, Science et Vie TV.

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